Nos voisins
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Pas facile de cultiver son jardin entre le roi de France et le roi d'Angleterre, en pleine guerre de Cent Ans. Du grand au petit seigneur, temporel ou ecclésiastique, chacun s'employa donc à fonder de nouveaux villages, plus sûrs parce que fortifiés. Aux XIe et XIIe siècles, les abbayes créèrent des centres de peuplement et de défrichement appelés « sauvetés » et protégés des guerres par la Paix de Dieu (interdiction de se battre le dimanche et les jours fériés).
Les sauvetés sont l'extension à un village tout entier du droit d'asile sacré, jusque-là limité à l'église et à son enclos. Elles furent créées entre 1050 et 1141. Des croix limitaient ce territoire. La sauveté était également un instrument de colonisation agricole, puisque chaque nouveau venu touchait un enclos à bâtir et un bout de terrain.
Comme ses voisins Périgord et Lot-et-Garonne, le Gers se trouvait sur la ligne de front des guerres franco-anglaises. Les Français tenaient Toulouse, les Anglais Bordeaux. La Gascogne au milieu. On érigea alors de nombreux châteaux, plutôt de petite taille et à l'architecture très simple, pour répondre à l'urgence des situations. Puis, comme il fallait aussi protéger les paysans, furent créés les castelnaux, villages fortifiés, en général situés sur la crête d'une colline et dominés par le château seigneurial. On en trouve beaucoup dans le Gers et il existe même un superbe itinéraire des castelnaux dans le sud du département.
Puis on passa au stade supérieur avec les bastides. Aux XIIIe et XIVe siècles, rois de France et d'Angleterre, seigneurs locaux et moines cherchèrent à attirer les paysans dans leur camp. Pour les séduire, on leur offrit de part et d'autre de nombreux avantages : terres, logements, parfois exemption de taxes et d'impôts. Ces villes d'un type nouveau s'appelèrent « bastides ». Traits communs entre elles : franchises exceptionnelles pour leurs habitants, tracé urbain avec rues se coupant à angle droit, une halle pour le marché hebdomadaire au centre d'une vaste place entourée de demeures à couverts (appelés aussi cornières), sortes de galeries couvertes, certaines sur piles de bois, d'autres sur arches en pierre et brique.
Les bastides procédèrent d'une urbanisation systématique. Dans tout le Sud- Ouest, elles sont quelque 500 à avoir été édifiées aux XIIIe et XIVe siècles. Pour y attirer les manants, les seigneurs les paraient de noms magiques : Barcelone, Cologne, Pavie, Florence, Mirande comme on dirait aujourd'hui Beausoleil ou Mimosa-Plage. Lesdits manants s'y voyaient comblés d'avantages tels que le statut d'homme libre ou, comme le prescrivit Henri IV à Réalmont, l'exemption d'impôts hormis « la langue de toute vache abattue, un pied pour chaque porc préparé, un pain sur 25 cuits au four communal ». Ce mouvement rejaillit sur les grandes villes, où les hobereaux durent se montrer plus accommodants en accordant des privilèges aux bourgeois. Curieux villages, en tout cas, que ces castelnaux, bastides et autres sauvetés. Ici, point de château, c'est le bourg tout entier qui serre ses maisons de poupée dans les remparts, selon un plan gracieusement géométrique qui fait la joie des aviateurs.
» Bars